"Au nom des quelque 150 sociétés et « acteurs » qui adhèrent à votre Fédération, vous avez bien voulu solliciter mon avis au sujet des inquiétudes qui traversent votre secteur en perpétuelle transformation et face à une évolution de la réglementation.
Vous aimez à rappeler que le secteur du numérique « pèse » 6 % du PIB en France, Et en même temps, vous êtes en quête d’aides, de subventions, et de protection de l’État ou de l’Europe. Effectivement, face aux GAFAM les acteurs européens pèsent peu. Aussi votre préoccupation est-elle que les pouvoirs publics vous aménagent une niche pour pouvoir prospérer dans l’ombre de ces GAFAM. Ce que vous réclamez, ce sont des mesures de protectionnisme, national et/ou européen. Pourtant, notre perspective ne doit-elle pas être l’utilisation des moyens techniques modernes à l’échelle mondiale et non la multiplication des barrières? Et l’argent public doit-il être injecté dans cette activité, déjà largement subventionnée ? Je ne le pense pas !
Votre objectif affirmé est « de faire progresser les bonnes pratiques numériques, pour une transition digitale fiable et sereine. » Et profitable ?
Vous soulignez que 13 millions de nos concitoyens se disent éloignés du numérique. Quand toutes les administrations dématérialisent les démarches, que les guichets avec du personnel en chair et en os se font rares ; quand de la Poste à la SNCF en passant par Pôle Emploi on n’a plus affaire qu’à des claviers et écrans, je me dis que l’argent public serait mieux utilisé à remettre des humains dans les services publics pour accompagner les plus démunis et les plus fragilisés.
Qu’on ne s’y trompe pas : la génération qui est née avec une tablette ou un smartphone entre les mains, est parfaitement à l’aise pour se zigzaguer dans les réseaux sociaux, mais perdue dans l’utilisation des formulaires numérisés qu’elle doit affronter pour la moindre démarche.:
Ce serait un progrès que, sous le contrôle de la population, l’économie, y compris numérique, soit soumise à un vaste plan économique visant à répondre aux besoins de la population. Ce serait là une belle « révolution normative ». Mais elle impliquerait l’expropriation des grands groupes. Nous comptons pour cela sur les travailleurs du numérique et non sur ceux pour qui le numérique est un marché comme un autre.
Cordialement.
Nathalie Arthaud"
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